Maman inquiète
J'ai toujours été plutôt cool avec les bobos et autres maladies de Mister E. et Little B. (à l'exception de celle-ci mais c'est un peu particulier).
Je n'ai jamais été une angoissée, à téléphoner au pédiatre pour un rien (quand je dis rien je pense à un 37,9 de température ou à une rougeur sur la fesse!), à filer aux urgences pour un nez qui coule ou une plaie un peu profonde.
Je ne suis pas non plus comme ça avec Sweet A., mais ma coolitude s'est un peu évaporée.
Je n'appelle toujours pas mon pédiatre pour des broutilles mais je cogite plus de mon côté, je scrute les signes, j'étudie, j'analyse, là où avant j'aurais jeté le sujet par-dessus l'épaule, en me disant "on verra bien!" et je serai passée à autre chose. Là je ressasse.
On va dire que je suis inquiète (c'est mieux qu'angoissée, plus péjoratif). Cela ne m'empêche pas de dormir (heureusement!) mais j'y pense régulièrement.
Ces 7 derniers jours ont d'ailleurs été particulièrement éprouvants : 5 jours de fièvre à 40, des nuits à hurler, des symptômes qui n'évoluent pas... rien, rien juste de la fièvre inexpliquée... 40.2 ou 39.9 ou 40.0 comme ça sans raison...
D'habitude on dit justement qu'au 3ème enfant, on devient plus zen, on relativise. Moi c'est plutôt l'inverse.
Est-ce parce que c'est une fille? Mon troisième bébé? Ma dernière, mon tout petit?
Est-ce parce que je suis à la maison et que je ne l'ai encore confié à plein temps à personne?
Sans faire de psychologie de bas étage, je crois que tout a commencé dès son 3ème jour à la maternité, la veille de notre retour à la maison avec ce fucking test d'audition.
Je n'oublierais jamais quand la sage-femme est entrée dans ma chambre, m'a rapidement expliqué le protocole, branché Sweet A et qu'on a regardé la courbe.
Cette p*t**n de courbe qui refusait de grimper (malgré mes injonctions silencieuses) et qui signifiait, comme me l'avait bien expliqué la nana (la seule chose qu'elle ait d'ailleurs expliqué cette nulle), que Sweet A. ne réagissait pas aux sons qu'on lui envoyait.
Un, puis deux, et 3 essais plus tard, c'était toujours aussi plat.
Et puis elle a remballé son matériel, m'a dit que le test n'était pas bon, qu'il fallait réessayer demain.
Bonsoir, bonne nuit. 3 petits tours et puis s'en va.
Vous la voyez mon angoisse?
Bourrée aux hormones, je me suis effondrée en larmes. Ma fille était sourde. Elle n'entendrait jamais ma voix. The end.
Papawhatelse au bout du fil a essayé de me rassurer et me réconforter en faisant des recherches sur internet. Il avait beau me dire que ce test n'était fiable que dans très peu de cas, rien n'y faisait.
J'ai noyé mon chagrin dans le chocolat (heureusement qu'il était là!) et j'ai passé ma nuit à claquer la porte de ma salle de bains et faire tomber des trucs au sol pour voir si Sweet A. sursautait et réagissait au bruit.
Une dingue. Une folle furieuse.
Si elle réagissait, je recommencçais pour vérifier que ça n'était pas un coup de bol.
Si elle ne réagissait pas, je claquais plus fort encore....
Ma fille a du se dire que sa mère était complètement timbrée à l'empêcher de dormir comme ça.
Le lendemain, rebelote, on a refait le test, avec Papawhatelse à nos côtés cette fois-ci.
La sage-femme avait changé. Plus gentille, plus pédagogue et plus diplomatique, elle nous a expliqué les tenants et les aboutissants. Le fait que ce test était tout nouveau, qu'il ne marchait pas dans tous les cas, qu'il fallait un personnel bien formé, que les oreilles des tout-petits étaient parfois encore encombrées de liquide amniotique ce qui pouvait ralentir le stimuli et qu'une non réaction aux stimulations ne signifiait pas une surdité.
Résultat : le test était toujours non concluant mais j'étais rassurée même si pas complètement sereine.
Tout s'est résolu 15 jours plus tard par un nouveau test à l'hôpital dans une unité spécialisée, avec une infirmière, outrée de la façon dont cela s'était passé pour nous.
Tout allait bien pour Sweet A., elle entendait parfaitement.
Fin de l'histoire.
Mais ce moment a laissé des traces, insidieusement, sournoisement... Ma sérénité de maman a été chamboulée et je le ressens encore aujourd'hui. J'ai du mal à me raisonner sur des symptômes inquiétants mais tout à fait classiques. Je suis prête à partir sur un coup de tête aux urgences, ma fille sous le bras.
Heureusement, Papawhatelse est là, la tête froide du couple, pour me faire redescendre en pression et me ramener à la raison avec des faits concrets.
Vous allez croire que je me fiche de Mister E. et Little B. mais non bien sûr. Mon inquiétude est différente, elle porte sur d'autres choses que la santé maintenant qu'ils sont plus grands.
Avec le recul, je dirais que l'inquiétude est saine, normale, compréhensible tant qu'elle est raisonnée.
Etre parent, c'est être inquiet. C'est un des bagages qu'on te colle sur le dos en même temps qu'on te met ton bébé dans les bras à la naissance.
Il faut juste apprendre à vivre avec et à garder la tête froide et à ne pas se laisser déborder par ses émotions.
Facile quoi. Mais qui a dit qu'être parent, c'était facile, hein??! ;-)
PS : en soi, ça n'aurait pas été la fin du monde que Sweet A. soit sourde, je n'ai rien contre le handicap, mais on ne souhaite évidemment pas ça ou quoi que ce soit d'autre pour son enfant.