Nom de l'opération : "Végétations"!
J'avais déjà passé quelques matinées avec Mister E. à jouer sur un lit d'hôpital quand on lui avait fait tous ces examens pour son petit souci de retard de croissance, mais jamais jusqu'à aujourd'hui je n'avais vu un de mes enfants s'éloigner loin de moi, habillé d'une blouse bleue, installé sur un lit roulant pousse par un parfait inconnu.
Aujourd'hui mon Litttle B sest fait opéré des végétations. Rien de plus classique comme opération pour le corps médical, mais tellement angoissante pour nous parents.
Je ne suis pas du genre à m'inquiéter pour un rien. Je ne passe pas mon temps au téléphone avec mon pédiatre pour un rhume, une fièvre... Je suis relativement zen.
Mais ce matin dans la voiture, je ne faisais pas ma fière. Je regardais mon petit bonhomme dans un coin du rétroviseur et mon cerveau que j'arrivais a contrôler jusqu'à présent est passé en mode roue libre.
Et si il se passait quelque chose avec l'anesthésie?
Et si il me ramenait un lit vide après l'opération?
Et si il n'était plus là comment viverions-nous?
Et si et si et si tu te taisais un peu plutôt que de dire des bêtises? (Oui je parle a mon cerveau parfois).
Pour cacher mon angoisse, j'ai raconté à Little B. des blagues le temps du trajet (si quelqu'un m'avait entendu, il m'aurait prise pour une dingue!). Des idioties complètement bê-bêtes juste pour le faire rire et voir son merveilleux sourire (qu'il tient de moi cela va s'en dire 😛).
A l'hôpital, il a enfilé sa blouse en râlant (en même temps je le comprends, avoir les fesses à l'air c'est pas franchement sympa) et puis on a gentiment attendu notre tour assis sur son lit à regarder Gulli.
9h11. On a frappé à la porte. Mon petit cœur s'en allait déjà.
Vite vite quelque photos, un gros câlin, un bisou à travers les barreaux et cet imbécile de cerveau qui se remet à faire des siennes en me soufflant "et si c'était la dernière fois que tu faisais tout ça?" j'ai bien eu envie de lui dire "Ta g..le" mais je n'ai pas osé trop préoccupée (et trop polie) à regarder Little B. s'éloigner au fond du couloir dans sa cage à roulettes (franchement les lits d'hosto pour les enfants....) et j'ai attendu.
45 minutes madame et il sera là.
Parfait. Très bien, merci Monsieur.
M'occuper l'esprit, pour ne pas que l'autre idiot de cerveau revienne m'agacer.
Une manucure (oui j'ai toujours un vernis dans mon sac a main comme ca au cas où!) pour une fois que j'ai le temps sans personne pour me déranger et sans rien avoir à faire d'urgent, 2 petits coups de fil, mon fil instagram à remonter, un petit passage sur Twitter et Facebook et les 45 minutes s'étaient écoulées.
Oui mais à 9h56 pas d'enfant (9h11 + 45 = 9h56 si vous suivez bien).
Je l'ai vu venir l'autre cerveau avec ses suppositions à la noix mais il a vite dégagé en voyant arriver le petit copain de chambre de Little B., en pleurs, gémissant et réclamant sa maman.
Mon cerveau l'a mise en sourdine sur ce coup-là mais ses copines, les larmes de crocodile ont débarqué : j'ai pleuré de voir ce petit bonhomme si fragile, si mal en point et en plein réveil, en manque de sa maman...
C'était donc dans cet état là que j'allais récupérer mon amour...
Je n'ai pas eu longtemps à attendre pour le voir ou plutôt l'entendre revenir.
Tous les autres enfants étaient remontés en silence, pas lui! Du fond du couloir, j'entendais sa petite voix me réclamer.
En même temps ça ne m'étonnait qu'à moitié. Little B. c'est l'enfant qui pleure non stop pendant 40 minutes après une prise de sang (véridique) et qui hurle quand on lui effleure la main parce qu'il a cru qu'on l'avait griffé (véridique aussi).
Un poil chochote mon fils? Noooon....
Alors quand j'ai entendu murmurer son "maman", grognon et larmoyant, j'ai souri.
Autant je m'étais effondrée avec son petit voisin de lit autant là j'étais la plus forte.
Je l'ai pris dans les bras, on s'est serré fort et on s'est embrassé.
Il en a eu gros sur le cœur pendant une petite heure. Il n'avait qu'une idée en tête : s'habiller (toujours cette fichue blouse courant d'air) et partir TOUT DE SUITE. Tels ont été ses premiers mots.
Et puis il s'est rendormi. Le médecin est passé et nous avons eu le droit de rentrer.
Je suis repartie avec mon grand dans les bras. C'était la fin d'une matinée banale pour n'importe qui, la fin d'une nouvelle expérience dans ma vie de maman.
Dans la voiture, je me suis remise à raconter des bêtises, pour qu'il retrouve le sourire.
Et puis j'ai entendu une petite voix qui me soufflait "et si on devait recommencer? Et si c'était bien pire la prochaine fois?"
Excédée, j'ai pris ma grosse voix et tout fort, j'ai crié : TA GUEU-LE! Non mais! (ça fait du bien de se lâcher après une matinée comme ça!)
PS : c'est après-midi, il va bien mais est plutôt fatigué. Il en profite pour se faire chouchouter par son papa et sa maman et manger des glaces Star Wars devant la Reine des Neiges....