Il me pousse à bout
Je ne sais pas si c'est son âge, 6 ans, l'entrée au CP ou le fait qu'il soit l'ainé et carrément têtu mais Mister E. est (très) difficile ces derniers temps.
J'entends déjà les "normal c'est lié à la naissance de sa petite soeur"! Non non et non, ne lui trouvons pas d'excuse : il est comme ça déjà depuis quelques mois, bien avant l'arrivée de Sweet A.
Les colères de Little B., même si elles sont usantes et toujours récurrentes (mais moins fréquentes quand même grâce à notre petit système de points rouges et verts), j'ai appris à les gérer, je sais comment les canaliser.
Mais devant la désobéissance et l'insolence de Mister E., je suis démunie.
J'ai l'impression de parler dans le vide en permanence, de répéter 15 000 fois les mêmes choses, de parler une langue étrangère ou même d'avoir un enfant sourd en face de moi.
C'est désespérant et fatiguant.
Du coup, si je veux me faire respecter et obéir, je dois passer mon temps à crier pour tout et n'importe quoi... et je déteste ça. Mais si je ne fais rien, je passe pour une mère laxiste, complètement dépassée par les évènements, qui se fait mener par le bout du nez par ses enfants....
Les gens dans la rue me prennent pour une folle furieuse à aboyer sur mes enfants, mais si je n'élève pas la voix, si je ne me fâche pas, si je ne punis pas, c'est comme si pour Mister E. et Little B. je n'existais pas. Parfois je surprends Mister E. à lever la tête et me regarder avec son air genre "mais qui me parle?".
Exaspérant. Fatiguant. Désespérant.
Je ne sais pas comment maitriser cette insolence. Il ne manque plus que les yeux qui roulent vers le ciel et le tableau serait complet.
Le pire c'est que c'est un petit garçon qui a un bon fond, tellement gentil, attentionné et généreux quand il le veut et le voir se comporter de cette façon me rend triste et démunie. Je ne sais pas plus quoi faire.
Pour les devoirs, c'est la même chose : il n'en fait qu'à sa tête. La maitresse a beau avoir collé des consignes dans son cahier, il refuse de les suivre. Oui c'est vrai, c'était déjà les mêmes avant hier, mais il a du mal à comprendre que l'école c'est faire et refaire en permanence, qu'il faut s'entrainer régulièrement pour bien maitriser. Du coup, Monsieur baisse la tête, croise les bras et attend.
Il attend quoi? Que j'élève la voix, que je punisse à nouveau. Et alors il s'y met. De mauvaise grâce évidemment.
Déjà 8 jours sans télé (on rajoute un jour à chaque fois...), il n'est pas loin non plus de se faire confisquer également son vélo. Il est prévenu (je ne le prends jamais en traitre) mais ça n'a pas l'air de le toucher énormément.
Hier soir à bout d'arguments et de punitions (et sans voix...), j'ai opté pour une autre méthode. L'indifférence.
Il ne voulait pas manger son diner, ça n'était pas bon? Très bien, je m'en fichais. Il n'avait qu'à débarrasser son assiette, se brosser les dents et aller se coucher.
Il voulait une histoire? Non je n'avais pas envie de lui en lire une.
Même son traitement, j'ai refusé de lui faire.
Je lui ai dit que j'étais fatiguée, et que tant qu'il se comporterait ainsi, il ne m'intéressait pas et que je ne voulais rien savoir. Il est allé se coucher sans un bisou, juste avec un bonne nuit.
Dur, très dur, très très dur pour moi.
J'aime mes enfants plus que tout, j'ai besoin de leur montrer, qu'ils sachent que je suis là, que je les aime. Je suis une maman poule mais hier soir j'étais à bout.
Je ne sais pas si jouer sur l'affectif fonctionne, je trouve ça très cruel pour les enfants (il était adorable ce matin au réveil... mais pour combien de temps?), et pour les parents : à ce rythme là, je ne tiendrais pas longtemps.
Hier soir, c'est avec la boule au ventre et les larmes aux yeux que je l'ai embrassé, tout endormi, avant d'aller me coucher.
Je déteste être cette mère là.
Mais parfois je n'ai pas d'autre choix.