Est-ce que les choses changeront un jour?
Quelle question! Vous devez vous demander de quoi je vais encore vous parler aujourd'hui pour oser un tel titre!!!
En fait ce texte, je l'ai écrit début décembre, alors que je passais des entretiens de recrutement pour mon ancien job, à savoir contrôleur financier. Je l'ai rédigé sous le coup de la colère, dégoûtée qu'en 2017 presque 2018, on en soit encore réduit à de telles pensées étroites et qu'on ose encore poser ce type de question en entretien.
Aujourd'hui, j'ai pris une autre voie professionnelle et la colère est un peu retombée. J'avais décidé de ne pas le publier et puis finalement je me suis dit que les gens devaient savoir.
Que plus on en parlerait, plus on aurait de chance de faire avancer les choses et faire cesser ce type de pratique. Et pourtant je ne suis pas féministe pour un sou, mais trop c'est trop au bout d'un moment.
Mais de quoi parle-t-elle, vous dites-vous?? J'y viens, ne paniquez pas.
Le monde du travail pour les femmes et les mères est un vaste champ de mines : dès le début, avant même d'avoir un pied dans l'entreprise, les dés sont pipés.
Pourquoi ça? Parce que vous êtes une femme, que vous avez une poitrine et un utérus et que l'employeur en face de vous a son feu tricolore qui clignote au rouge en se disant "attention enfants!".
Que vous soyez en âge d'en avoir ou que vous les ayez déjà conçus, peu importe!
Qu'ils soient petits ou grands, enfants = contraintes = problèmes.
Voilà où je voulais en venir. Voilà le pourquoi de ma colère.
Parce que oui je suis en colère et pas qu'un peu.
Je suis en colère parce qu'en 2017 presque 2018, à la fin des entretiens revenait souvent la même question :
"Et sinon je vois que vous avez 3 enfants, tout est géré de leur côté? Vous avez une solution pour les soirs et les vacances?"
Non mais (pardonnez-moi l'expression) What The Fuck????
M'aurait-on posé cette question si j'avais été un homme et que j'avais affiché fièrement en haut de mon CV que j'étais père de famille de 3 enfants?
Non assurément non. Certainement pas. Indubitablement non. Putain de non.
Mais le pire finalement, ça n'est pas tellement cette question. Non le pire à mon sens c'est qu'elle m'ait été posée par des femmes. Des jeunes et des moins jeunes, des nullipares et des multipares.
Comment voulez-vous que les femmes soient égales aux hommes professionnellement parlant si on se tire nous-même entre nous de telles balles dans le pied???
N'ont-elles rien appris de leurs propres histoires? Ne pensent-elles pas à leur avenir personnel? On ne peut donc pas assumer son rôle de mère et être professionnelle? Faut-il nécessairement choisir entre les 2?
Je suis en colère parce que c'est en partie pourquoi j'ai tout plaqué il y a 6 ans pour me consacrer aux kidswhatelse.
Parce que je n'arrivais pas à trouver un juste équilibre entre mon boulot et ma vie perso.
Parce qu'on ne me laissait pas gérer cet équilibre.
Parce qu'en partant à 18h, j'avais droit à du "bon après-midi" ricaneur, alors même que j'avais tenu toutes mes deadlines (et qu'en étant cadre, je ne pointais pas).
Parce que déjà il y a 6 ans mon manager m'avait suggéré lors d'un entretien annuel de prendre une nounou pour s'occuper des bains et du diner des enfants afin que je sois plus "libre".
Il y a 6 ans, on en était là et très franchement je n'ai pas l'impression que l'on ait beaucoup progressé.
Peut-être ai-je aussi énormément de malchance et suis-je mal tombée?
Peut-être était-ce lié à mon métier?
Peut-être mais j'en doute et je pense que ces types de comportements sont encore trop majoritaires aujourd'hui en France.
Et vous savez ce qui m'a mise finalement le plus en colère?
Ma docilité à répondre.
Mon besoin de me justifier.
Ma peur de leur rétorquer que c'était une question d'ordre privé et que je n'avais pas à y répondre.
La nécessité de plaire et de ne pas faire de vagues pour avoir le job.
C'est tellement triste quand on y pense..... Si on ose dire quelque chose, on sait qu'on sera blacklisté et que notre CV passera en dessous de la pile.
Voilà une des raisons qui ne me fait regretter en rien mon choix de reconversion professionnelle. Là où je vais, les enfants sont le centre de nos préoccupations et non des contraintes.