Je ne peux pas
J'aimerais l'appeler pour lui dire.
J'aimerais entendre son "merci Aurélie" encore une fois.
J'aimerais nous retrouver dimanche, tous à la maison comme avant, autour de lui pour cette journée.
J'aimerais apercevoir son petit sourire gêné d'être au centre de l'attention, lui qui aimait tant se mettre en retrait pour observer.
J'aimerais le voir souffler ses bougies sous les cris des kidswhatelse.
Mais tout ça c'est fini.
L'appeler ne sert à rien. Aller lui rendre visite me brise le coeur.
J'ai l'impression de l'abandonner, mais je ne peux pas. Je n'y arrive pas.
Le voir quelques minutes, sans même qu'il sache qui je suis, lui parler, raconter nos vies, sans qu'il ne réagisse, me fait plus de mal que de bien.
Pas une journée ne s'écoule sans que je ne culpabilise.
Il est là, à quelques kilomètres, moins d'une heure, et je ne peux pas.
Quel genre de fille suis-je pour ne pas aller voir son propre père malade? Quel exemple je donne à mes propres enfants? Que vont penser les autres?
Tous les jours, ces questions me rongent, mais je ne peux pas.
Je voudrais voir la petite main de Sweet A. s'agripper à son index, que Mister E. soit fier de lui montrer ses bonnes notes, que Little B. l'interroge sur les marques de voiture.
Je voudrais qu'il me voit là maintenant, avec mes enfants, mon mari, ma famille.
Mais il ne peut pas. Il ne peut plus.
Aujourd'hui, il vit dans mes souvenirs et sur mes photos.
Ecrire chaque année pour son anniversaire est tout ce que je suis capable encore de faire.
Il est là sans être là. Ma raison lui a déjà dit aurevoir mais mon coeur résiste.
Bon anniversaire mon petit papa.
Et va au diable Alzheimer.