Lettre à un petit moineau
Tu as toujours eu un petit appétit.
A 5 jours déjà, une tétée te suffisait pour tenir une nuit entière, au grand bonheur de ta maman.
Plus tard, quand tu as découvert les fruits et les légumes, seules quelques petites cuillères suffisaient à te rassasier.
Aujourd'hui, tu ne déjeunes pas.
Non.
Tu ne dines pas non plus.
Non, le midi comme le soir, tu picores.
D'abord la viande, ton aliment favori, puis si ta maman insiste un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, alors tu daignes jeter un oeil à tes légumes.
Les fruits? A part les bananes et les clémentines (pour faire comme parrain), rien ne t'intéresse.
Les yaourts? Oui mais seulement si ils sont chocolats.
Ta maman a tout essayé pour t'intéresser aux repas.
Changer le nom des aliments : du jambon de poisson, des fritocarottes, des brocolis cerises....
Couper les légumes de façon rigolote...
Préparer des assiettes en disposant les aliments pour créer et faire apparaître des têtes de bonhomme...
Te demander de m'aider à préparer le repas, juché sur ton escabeau...
Acheter des assiettes un peu sympa, soit avec tes héros préférés (Barbapapa...) soit avec une forme qui sorte de l'ordinaire...
Te trouver sur internet un superbe bavoir pirate, en ligne avec ton obsession actuelle, pour que tu aimes venir à table...
Mais rien n'y fait.
Tu ne fais que grignoter.
Il n'y a que la viande qui trouve grâce à ton goût.
Et le chocolat aussi. Sous toutes ses formes : dans les yaourts, les gâteaux, les bonbons...
Même pendant tes vacances, malgré les gigantesques buffets remplis d'aliments que n'importe quel enfant aurait dévoré (pizzas, pâtes, frites, jambon...), tu n'as fait que grapiller...
C'est là que moi, ta maman, j'ai enfin compris que seules quelques bouchées suffisaient à te sustenter.
Alors promis la prochaine fois, je n'insisterai pas pour que tu finisses ton assiette.
Mais en échange de ma reddition culinaire, promets-moi toutefois d'au moins faire l'effort de goûter une ou deux cuillères des bons légumes que je t'aurai préparés avec amour... car moi, ta maman, je sais bien que malgré ton appétit de moineau, tu sais être gourmand quand il le faut!