Petit mais costaud
Devant l’étonnement quasi général sur le fait que Mister E. portait encore il y a peu du 18 mois, je me dois de vous apporter quelques explications.
Il s’avère qu’à la maison, nous avons un grand-petit bonhomme et un petit-grand bonhomme.
En effet, Mister E. fleurte depuis son plus jeune âge avec la courbe de croissance du bas, quand Little B. a plutôt tendance à être un peu au-dessus de la moyenne.
Au final, entre Mister E. et Little B., ça donne 21 mois, 15 cm et 3 kilos d’écart…
Je n’ai jamais été très inquiète pour la croissance de Mister E.
Il faut dire que l’Homme et moi ne sommes pas de grandes asperges. Entre 1m65 et 1m70 pour tous les 2. Pas de quoi faire de grands enfants !!
Mais ça ne m’empêchait pas les premiers mois d’arriver chez le pédiatre avec une boule au ventre, en me demandant si Mister E. avait bien grandi ou pas.
Et d’en ressortir fière et soulagée par les centimètres gagnés ou inquiète et tourmentée par les mots entendus.
Il faut dire que la pédiatre n’était pas très pédagogue et ni diplomate. A chaque rendez-vous, sans exception, j’avais droit à un « ah mais il n’est pas bien grand… il va falloir envisager un bilan hormonal… ».
Des mots très durs à entendre quand on tient son petit bonhomme de 3, 6, 9 ou 12 mois dans les bras… Normal… dans nos yeux de maman, c’est le plus beau, le plus fort, le plus grand …
Une fois même, j’étais tellement chamboulée, que j’ai tapé « nanisme » dans Google… juste pour me rassurer et vérifier qu’on était hors critères…
Difficile aussi de faire face aux remarques des inconnus dans la rue : « oh mais qu’est-ce qu’il est mignon ! il a quel âge ? 1 an ? »… « Non Madame, presque 2…. »
Et puis on a changé de pédiatre.
Et les choses sont revenues dans l’ordre. Pas de questions à chaque rendez-vous, pas de mots alarmistes. Juste une attitude censée et raisonnée. « Vous n’êtes pas des géants, il ne sera pas un géant. » Point barre.
Et Mister E. a continué son petit bonhomme de chemin en grandissant de manière régulière à son rythme. Avec sa courbe bien à lui.
Mais le mois dernier, lors de la visite de contrôle des 30 mois, il s’est avéré qu’il avait un peu moins bien grandi que les mois précédents.
Rien de très alarmant. Pas de cassure de la courbe, juste un petit ralentissement. Ce qui serait passé inaperçu chez un enfant de taille moyenne, force l’attention chez Mister E..
Alors pour être sûr que tout allait bien, ce dont était persuadé le pédiatre, il nous a quand même prescrit une prise de sang.
Et les résultats, arrivés aujourd’hui, sont sans appel : tout est ok.
Mister E. est donc juste un petit gabarit. Et petit gabarit ne veut pas dire problème.
Oui mais voilà, au fond de moi, je reste une maman angoissée avec la volonté farouche de protéger mon bébé...
La peur que mon Mister E. soit un jour complexé par sa taille…
La peur qu’un jour Little B, son petit frère soit plus grand que lui...
La peur qu’on se moque de lui à l’école…
La peur qu’il le vive mal, qu’il en souffre…
Et puis, quand la peur devient trop grande, je me dis que c’est à nous ses parents de le rendre fort dès à présent.
A nous de lui donner confiance en lui.
A nous de ne pas focaliser sur sa taille.
A nous de lui montrer que les centimètres ne comptent pas.
A nous de ne pas en faire une affaire d’état, ni de rendre le sujet tabou.
A nous de ne pas lui accorder un traitement de faveur : ni plus chouchouté, ni plus protégé.
Aujourd’hui, quand je regarde ce petit bout d’homme, je suis fière de lui, fière de son petit caractère bien trempé.
Il sait ce qu’il veut dans la vie : déjà leader plutôt que suiveur, il n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds.
Et j’ai la certitude que ce qui pourrait être un obstacle, une gêne, sera pour lui une vraie force.