Mon champi(gn)on
Je ne sais pas si petite j'aurais eu le même courage que toi pour endurer ce que tu vis tous les soirs, sans rien dire.
Je ne sais pas d'où tu tiens cette force, cette volonté qui te fait supporter cette contrainte.
Je ne sais pas pourquoi c'est tombé sur toi et pas sur un autre.
Il y a un an nous nous lancions main dans la main dans une série d'épreuves que tu as toutes surmontées.
Cet IRM où je t'ai vu, attaché, momifié autour d'une planche, les yeux scotchés, un casque sur les oreilles, où je t'ai entendu pleurer et crier car malgré tout ce qu'on t'avait expliqué auparavant, tu avais peur.
Ces matinées à l'hôpital où tu as enchainé les prises de sang tous les quarts d'heure sans broncher, à faire le coquin avec Monique, ta super infirmière.
Ces soirs où il a fallu te courir après et batailler pour te faire accepter cette piqûre.
Aujourd'hui, tu ne dis plus rien : tu t'allonges, choisis la fesse du jour, compte avec moi jusqu'à 5, remonte ton pantalon et te glisse sous la couette.
Aujourd'hui, c'est même qui toi qui nous rappelle qu'il ne faut pas l'oublier.
Aujourd'hui, tu rigoles quand Little B. s'allonge à tes côtés et qu'il attend lui aussi son tour.
Aujourd'hui, même après une semaine d'arrêt pour cause de vacances, tu n'as pas rechigné à t'y remettre.
Et aujourd'hui, tous tes efforts sont récompensés.
En 8 mois de traitement, de piqûres quotidiennes, 6 jours sur 7, jour de fête, semaine ou week-end, tu n'as pas gagné 1, ni 2, ni 3, ni 4 centimètres.
Non en 8 mois, te voilà grandit de 10 centimètres, gagnés haut la main.
Moi, ton papa, tes grands-parents, tes oncles et tantes, le médecin... tout le monde t'a félicité.
Mais j'ai vu dans ton regard que tu ne réalisais pas vraiment ce que représentait ces 10 centimètres.
On oublie un peu trop souvent que tu n'as que 4 ans et demi et que tu n'assimiles pas tous les enjeux de cette piqûre.
Alors j'ai sorti une règle, mesuré tout ce qui t'entourait. Et ton sourire est enfin apparu quand tu as compris que 10 centimètres c'était un peu plus qu'un carambar, un peu moins qu'un Kapla...
La route est encore longue mais j'ai confiance en toi.
Je sais que tu n'aimes pas que l'on en parle, que c'est ton petit jardin secret.
Mais tu peux être fier de toi, mon bonhomme.
Ton papa et moi sommes fiers de toi.