Ma cicatrice
Avec plusieurs blogueuses, qui l'ont toutes vécue, on a décrété qu'aujourd'hui serait la journée de la césarienne.
Notre journée à nous.
Parce que notre histoire à toutes est différente, parce que notre ressenti est unique, parce qu'on ne parle pas assez aux futures mamans de ce type d'accouchement, je vous invite à aller lire le témoignage de e-Zabel, Oum, Cranemou & MamaFunky.
En attendant, voici le mien.
Je n’avais pas prévu d’aborder ce sujet, mais la lecture du billet de MarjolieMaman sur la préparation de l’accouchement m’a tellement bouleversée qu’il était impensable de ne pas en parler.
En laissant mon commentaire, j’ai réalisé qu’au final malgré tous les bouquins que j’avais pu acheter, tous les cours auxquels j’avais assisté, de nombreux sujets avaient été développés, beaucoup de questions avaient trouvé leur réponse mais pourtant un point essentiel avait été oublié.
L’accouchement par césarienne. En urgence (je précise, car lorsqu’elle est programmée, le sujet est alors évoqué par les médecins et les sages-femmes en toute liberté, on peut alors oser s’informer et se préparer à cette naissance d’un autre type.)
Dans les livres sur la grossesse, durant les cours de préparation animés par une sage-femme, on ne nous parle que d’un seul accouchement. La voie basse et rien d’autre.
Je me souviens avoir vaguement évoqué l’éventualité d’une césarienne, demandé des détails et mettre fait alors violemment rabrouer par la sage-femme, en m’entendant dire que si je partais négatif, c’était certain, jamais je n’arriverais à accoucher par voix basse.
Si je vous parle de ça aujourd’hui, c’est que mes 2 accouchements se sont terminés par une césarienne, en urgence, après un travail plus ou moins rapide, pour cause de souffrance fœtale.
Mes amours ne voulaient pas s’engager, ni sortir du ventre de leur mère (et pourtant on était déjà dans les prolongations : J+3 pour Mister E. et J+2 pour Little B.). J’avais beau pousser, eux avaient décidé de jouer au yo-yo et de faire peur à leurs parents en ralentissant leur rythme cardiaque.
La seule solution a donc été de m’emmener au bloc. Et là, c’est une autre aventure qui commence, un vrai acte chirurgical auquel je n’avais pas été préparé psychologiquement. Un vrai choc.
Parce que ce n’est plus toi qui accouches, mais c’est ton obstétricien qui met ton enfant au monde. Et c‘est bien là toute la différence. Une grosse différence.
Là où pendant des mois, on te prépare à être active, à pousser, souffler, être forte, tu te retrouves soudainement complètement passive, presque absente, sans rôle à jouer.
Je n’oublierais jamais les larmes qui ont coulé pendant les minutes précédant la naissance de Mister E.
La joie ou la peine, je ne le saurais jamais.
Ce que je sais, c’est que j’ai immédiatement été envahi par un immense sentiment d'échec, celui de ne pas avoir accouché "normalement".
Ce sentiment d'être une mauvaise mère alors même que je n'étais maman que depuis quelques minutes.
Ce sentiment qui ne m’a plus quitté depuis. De ne pas avoir été assez courageuse, de ne pas avoir assez poussé… d’avoir échoué là où des millions de femmes avaient réussi..
Parce qu’en nous parlant uniquement de l’accouchement par voie basse, on en fait l’accouchement roi et on ramène la césarienne à un accouchement de seconde catégorie.
Lui vous dira que l’essentiel est que nos 2 petits bonhommes soient là, en bonne santé, qu’importe la façon dont ils sont arrivés au monde, moi je continue à me sentir différente, à l’écart quand les autres mamans parlent de leur épisio, de leur joie en sentant leur bébé sortir. Moi je n'ai rien senti, rien vu. Juste un drap bleu devant mes yeux.
Je reste aujourd’hui persuadée que si j’avais été plus préparée à cet autre accouchement, mon ressenti aurait différent.
Il l’a d’ailleurs été pour la naissance de Little B. Ma césarienne, même non prévue, je l’avais anticipée, acceptée comme résignée. Parce que j’avais eu 9 mois pour me dire que cela pouvait arriver, que c’était une option.
Je suis bien consciente aujourd’hui de la dérive du nombre de césariennes pratiquées en France.
Mais par pitié, au lieu de nous asséner un seul et même chiffre, il serait mille fois plus déculpabilisant pour les mamans de différencier les césariennes d’urgence des césariennes dite de confort…. celles programmées sans raisons médicales...
PS : encore une fois, de nombreuses larmes ont coulé en écrivant ce billet... Tenir ce blog me permet d'exprimer plein de sentiments enfouis, et je peux vous dire que ça fait un bien fou!! Promis, pas plus d'un billet mouillé par semaine!!!
Et n'oubliez d'aller faire un tour chez mes copines blogueuses!!!!