Enfants rapprochés : mère courage ou juste maman?
Il parait que je suis courageuse.
De la bouchère à la boulangère, en passant par la postière ou le vendeur de téléphonie mobile, sans oublier la petite mamie ou la maman débordée avec un enfant, je n’y échappe pas.
C’est LE mot qui revient quand je réponds à la question, devenue maintenant systématique, quand on me croise avec mes 2 loustics : « ils sont frères ? mais ils n’ont pas beaucoup d’écart, non ? »
A cette question, je n’ai qu’une réponse chiffrée : 21… oui à peine 21 mois d’écart….
Et à chaque fois, je peux lire toute une palette de sentiments dans les yeux de mon interlocuteur… admiration, effarement, émerveillement, envie, horreur...
Alors courage, folie ou inconscience ?
Aucun des 3, je pense.
L’homme et moi ne nous sommes pas lancés dans l’aventure du petit deuxième en se disant :
- tiens et si on était courageux aujourd’hui ? faisons un 2ème enfant !!!
- chéri, aujourd’hui soyons fous pour une fois !! donnons un petit frère ou une petite sœur à Mister E. !!!
- tu veux faire quoi ce soir ? pfff je sais pas, y’a quoi à la télé ? rien ? bon on a qu’à faire le 2ème !
Non, c’était un choix réfléchi. Nous voulions que nos enfants aient dans la mesure du possible, si la nature le voulait bien, 2 ans d’écart (d’ailleurs Dame Nature nous a joué un sacré tour sur ce coup là puisque Little B. est arrivé plus tôt que prévu !!)
Mais pourquoi 2 ans ?
D'abord et surtout parce que le modèle familial chez ma sœur fonctionnait bien (3 enfants, entre 2 ans et 2 ans et demi entre chaque marmot).
Et aussi parce que l’Homme comme moi avions souffert du nombre d’années qui nous séparait de nos ainés : 5 ou 6 ans c’était bien trop à notre goût. Nous nous sommes sentis enfants uniques, trop éloignés des aspirations du grand frère ou de la grande sœur, sans complicité particulière.
Alors je sais bien que la complicité n’a pas forcément de lien avec l’écart d’âge, mais nous voulions un peu casser le schéma de nos parents et tenter de créer entre nos enfants cette complicité qui nous a tant manquée.
Aujourd’hui, Mister E. et Little B. partagent des moments que je n’ai pas connus petite avec ma sœur.
Ils jouent ensemble, rigolent aux éclats, s’embêtent parfois, se titillent aussi.
Mister E. a besoin de son frère pour faire ses pitreries et Little B. chouine dans son lit le soir tant que son ainé ne l’a pas rejoint dans la chambre.
Little B. aimerait bien avoir le même repas que son frère et Mister E. partagerait bien parfois la poussette de Little B.
Tous les 2 sont inquiets et râlent quand l’un ou l’autre pleure ou se fait gronder.
Ils vivent à 2 des moments uniques et complices. Ils construisent leur histoire et grandissent ensemble, juste un peu plus côte à côte que d’autres.
Et quand je les vois tous les 2 rire et se comprendre au premier regard, j’ai toujours un petit sourire aux lèvres, une tendresse particulière qui efface tous les moments un peu moins idylliques…
Alors oui, c’est vrai, avec 2 enfants rapprochés, le quotidien n’est pas jamais ni tout rose ni vraiment simple tous les jours.
Ça nécessite du temps, de l’attention et de l’organisation.
Ça demande du travail et de la patience.
Ça implique de la fatigue et parfois de la lassitude.
Mais finalement c’est le quotidien de toutes les mamans, qu’elles aient un, deux ou trois enfants (ou plus !), rapprochés ou non.
Je ne suis ni courageuse, ni méritante, comme j’entends souvent. Je suis juste une maman de 2 enfants, qu’importe leur écart d’âge.
D’ailleurs, à partir de quel âge cesse-t-on de parler d’enfants rapprochés ?