Cultivons la différence... ou pas
Ce matin, j'ai le coeur gros.
C'est un clown tout triste que j'ai laissé à l'école pour le carnaval des maternelles.
En voyant ses copains tous déguisés en pirates, clowns, pompiers, Mister E. a eu un gros de coup de blues.
Lui qui était si content avant de partir ce matin, sautait sur place, ravi de pouvoir enfin enfiler le déguisement qu'il s'était lui-même choisi il y a une semaine s'est senti soudain différent, avec tous les regards braqués sur lui et les gentilles réflexions que tout le monde voulait bien lui faire pour lui remonter le moral, mais qui en fait, ne faisaient que l'enfoncer un peu plus dans son mal être....
Il est pourtant si mignon dans sa petite combinaison avec sa cravatte, son pantalon à pois, sa perruque multicolore et son joli petit nez rouge...
Oui mais voilà, c'était lui le seul clown, et il voulait être comme ses copains.
Mais comment prévoir? Comment anticiper?
Je m'étais promis de ne rien lui imposer, de laisser parler son coeur et de lui faire plaisir dans la mesure du possible et du budget.
Je ne pensais pas qu'en lui laissant choisir un déguisement de clown, cela provoquerait chez lui une telle réaction, sinon je l'aurai orienté sur autre chose...
Un clown, c'est pourtant un déguisement classique, une figure bien connue de tous les enfants.
Alors pourquoi cette réaction? Pourquoi reste-t-il seul, prostré dans un coin, caché derrière les manteaux dans le couloir (dixit une maman de sa classe qui m'a gentiment appelé pour me mettre le coeur un peu plus miette qu'il ne l'était déjà...)?
Je croise les doigts pour que la maitresse lui redonne le sourire, pour qu'emporté par le mouvement de la fête, il oublie son chagrin.
Il n'est que 10h, et je ne pense qu'à lui depuis plus d'une heure.
Encore 1h45, et je pourrais le serrer très fort dans mes bras et abréger ses souffrances.
Etre différent c'est bien, mais à 4 ans et demi, on a juste envie d'être comme tout le monde...
PS : ce midi, ça sera frites, nuggets et glace au chocolat pour mon petit clown préféré! Le réconfort par la bouffe, y'a pas d'âge pour commencer!
EDIT de 12h30 : j'ai retrouvé un Mister E. tout aussi triste qu'en début de matinée. Rien n'y a fait, même pas son ATSEM préférée déguisée comme lui en clown.
Ses premiers mots ont été "maman, je veux être un cowboy....".
On se gave de frites et de danette. Le carnaval ça craint.