Comment j'ai découvert mon fils...
Voilà donc un mois que Little B. fait l'orthophonie buissonière. Enfin buissonière c'est vite dit, en fait son orthophoniste préfère le laisser tranquille pendant quelques semaines, histoire de ne pas le dégoûter, afin qu'il se dépatouille avec tout ce qu'il a déjà appris et qu'il mette en pratique ses nouveaux sons et surtout parce qu'à son âge c'est très dur de capter son attention durablement.
A la maison, nous avons toujours du travail : rien de tel qu'un petit loto ou mémory pour lui faire répéter de nouveaux mots, de nouvelles sonorités. A cela on ajoute un peu de frustration, en ne lui donnant pas immédiatement ce qu'il souhaite, en lui faisant répéter encore et encore jusqu'à s'approcher du meilleur résultat.
A l'école, c'est pareil. Little B. a la chance d'avoir une maitresse extraordinaire, qui depuis le début de l'année, suit ses progrès en étant en relation permanente avec son orthophoniste, pour ne pas se tromper sur la méthode à adopter avec lui, pour savoir comment l'aider à progresser au quotidien.
La semaine dernière, sa maitresse a souhaité nous rencontrer, Papawhatelse et moi, pour faire un petit bilan au milieu d'année. Je suis arrivée anxieuse, inquiète de ce que j'allais entendre sur mon fils. Oui mais non. Car ce que j'aime chez cette institutrice, c'est sa faculté à sortir du positif dans une situation difficile.
Elle aime ses élèves, elle veut les accompagner au mieux, elle se soucie d'eux et finalement elle les connait presque mieux que nous. C'est du moins la sensation que j'ai ressenti quand elle nous a parlé de notre Little B.
Elle l'a cerné mieux que je n'aurais pu le faire. Elle a mis le doigt sur des choses auxquelles je n'avais jamais pensées mais qui une fois énoncées me paraissent aujourd"hui évidentes.
Le nez dans le guidon, accaparée par mon quotidien et mes soucis, je n'avais rien vu et pourtant.
Effectivement, Little B. en groupe est plutôt timide.
Effectivement, Little B. n'aime pas l'échec et cherche en permanence la perfection, tout comme Mister E. d'ailleurs.
Effectivement, Little B. marche à l'affectif et a besoin d'être encouragé en permanence.
Effectivement, Little B. se repose un peu beaucoup sur les autres.
Tout ça mit bout à bout pourrait expliquer le silence de mon Little B..
L'envie de bien faire, la peur de ne pas dire correctement le mot du premier coup pourrait effectivement le bloquer pour s'exprimer.
Comment n'y avais-je pas pensé? Lui qui aime tant que tout soit parfait, que tout soit comme il l'a décidé dans sa tête et pas autrement?
Il a fallu que je l'entende de la bouche de quelqu'un d'autre pour le réaliser et comprendre un peu plus mon Little B..
Je ne connaissais donc pas si bien mon fils comme je le pensais. J'aurais pu culpabiliser d'être passée à côté, m'en vouloir de tout ce temps perdu mais à quoi bon ressasser tout ça?
Le plus important pour lui est d'avancer, d'aller de l'avant, de le faire progresser, de lui donner envie de parler et de communiquer avec nous.
Aujourd'hui, tout est plus clair dans ma tête. Il va falloir qu'on soit attentif, qu'on lui insuffle de la confiance en lui, pour qu'il se lance, libre de toute peur, heureux de sa réussite et qu'on lui explique qu'un mot même mal prononcé c'est très déjà un très gros effort et qu'il peut être fier de lui.
Il va aussi falloir expliquer à Mister E. qu'il va devoir faire un peu plus de place à son frère, dans les conversations, à table au moment des repas, qu'il réponde un peu moins pour lui.
Le chemin est encore long avant d'en voir le bout, mais dorénavant la route est tracée, on sait où aller et comment l'aider. Et ça c'est une chance extraordinaire.
PS : cette photo date de l'été dernier, mais j'aime son sourire, cette insouciance et cette confiance en la vie que je peux y lire... Ce sourire je veux encore le voir longtemps.