J'aime pas Papy
Comme c'est dur d'entendre cette phrase de Mister E.
Oui son papy est différent de son pépé.
Il ne joue pas avec lui.
Il ne le fait pas rire.
Il ne lui raconte pas d'histoires.
Il reste assis sur une chaise en attendant le temps qui passe.
Il ne part pas en vacances avec lui.
Ils ne se gavent pas de bonbons ensemble quand j'ai le dos tourné.
Ils ne font pas de bêtises.
Ils ne regardent pas de dessins animés lovés l'un contre l'autre dans le canapé.
Mais pourtant c'est quand même son papy.
Mon papa.
Voilà on y est. Ce jour tant redouté est enfin arrivé.
Mister E. s'est rendu compte que son papy était différent.
Dans sa bulle, coupé du monde, il est là, sans être vraiment là.
Pour un enfant, c'est la seule chose qu'il voit.
Il ne comprend pas que son Papy est malade.
Il voit juste un monsieur avec qui il ne peut pas échanger.
Un monsieur pas drôle.
Un peu étranger en somme.
A moi de l'aider à comprendre, de lui expliquer.
A moi de lui faire aimer son papy différement.
A moi de lui raconter un homme qu'il ne connaitra jamais.
A moi de lui créer des souvenirs.
Mais c'est si dur.
Sa petite phrase m'a fait tellement de mal.
Je lui en ai beaucoup voulu sur le moment.
La peur que Papa la comprenne.
La tristesse de voir cette relation ne pas se créer comme elle l'aurait du si cette maladie n'était pas venue frapper à la porte.
Mais Mister E. n'y peut rien. Il voit les choses telles qu'elles sont, sans chercher le pourquoi du comment, avec sa naïveté d'enfant.
Se prendre la réalité de plein fouet, en l'entendant de la bouche d'un enfant de 4 ans, c'est cruel.
Cette maladie, je la déteste.
Alzheimer, je te déteste.
Tu lui gâches la vie.
Tu nous gâches notre vie de famille.
On n'avait rien demandé, et tu t'es incrusté.
Pourquoi nous fais-tu autant de mal?