Le fail de la décharge mentale
Après une année bien remplie entre ma classe et mon concours, après un mois de juin plus que chargé, après un super week-end en famille dans le sud pour les 70 ans de mon beau-père, après toutes ces émotions bonnes ou mauvaises de ces derniers mois, il était temps de décompresser et prendre du temps pour moi.
Décharger la charge mentale en somme, histoire de pouvoir la remplir à nouveau dès septembre, en évitant un débordement.
Tout était bouclé, cadré pour m'organiser et me recentrer égoïstement sur moi. Je devais avoir 20 jours juste pour moi, rien que pour moi, seulement pour moi. Je les avais bien mérités.
Lundi Little B et Sweet A sont restés chez leurs grands-parents, mardi j'ai accompagné Mister E à la gare pour son camp scout.
C'était parti pour d'abord 4 jours seule (avec Papawhatelse au boulot).
Ma to do list était quasi vierge. J'avais envie de shopping, de coudre, de regarder des séries, de cuisiner, de glander dans le canapé, de ne pas me soucier des repas, de ne parler à personne la journée, de vivre à mon rythme, de faire ce que j'avais envie quand j'en avais envie.
Je m'étais interdit tout rangement ou tri dans la maison, histoire de ne pas me polluer mon temps libre par le quotidien familial.
Et puis ces 4 jours se sont finalement transformés en 27 heures.
C'est déjà pas mal me direz-vous. Oui je sais que certaines n'ont pas la chance de pouvoir souffler ne serait-ce qu'une journée. Mais vous savez que c'est aussi assez rare pour moi de n'avoir aucun enfant à m'occuper. Plusieurs années que ça ne m'était plus arrivé d'ailleurs. Alors autant vous dire que ces 4 jours, je les attendais avec impatience, je les chérissais d'avance, j'y avais placé de grandes espérances.
Oui mais voilà quand on est maman, c'est 365 jours sur 365, que nos enfants soient à côté de nous ou à plusieurs centaines de kilomètres. La distance ne change rien à notre condition, condition que l'on a choisie sans forcément en mesurer toutes les conséquences sur notre propre être et nos propres sentiments.
Et puis parfois le téléphone sonne, pour nous dire que l'un d'entre eux est malade et qu'il faut venir le chercher.
C'est ce qui s'est passé ce midi avec Mister E. Un coup de fil de son chef scout, un nouvel épisode migraineux (le 2ème en 4 mois), un garçon en pleurs qui vous supplie de venir le chercher.... et me voilà partie sur la route à 120km de chez moi, pour aller récupérer mon ainé.
Je me suis radoucie depuis mon retour il y a quelques heures mais j'ai ressassé ma colère sur tout le chemin aller. Je sais bien que Mister E n'y était pour rien mais c'était plus fort que moi.
Mes quelques jours de liberté s'envolaient et j'en voulais à la terre entière.
Il fallait déjà rallumer la charge mentale.
Avaler les 250km, affronter les bouchons, s'occuper du malade, faire à manger, réfléchir à la marche à suivre pour trouver la cause de ses migraines (prendre rdv chez le pédiatre et l'ophtalmo), vider le sac, laver les fringues, décaler la livraison de courses, annuler mes rdv.... ça ne finirait donc jamais... il n'y a pas de bouton pause, jamais....
Alors j'ai mis la musique très forte, j'ai ouvert le toit ouvrant, j'ai roulé un tout petit peu plus vite que la limite autorisée (135km/h pour 130 c'est pas foufou non plus), je me suis sentie seule au monde au milieu des champs, sur les dernières petites routes de campagne qui me séparaient de lui.
100 mètres avant d'arriver, je me suis arrêtée, j'ai soufflé un grand coup puis j'ai renfilé ma cape de maman, celle qui chasse la colère, celle qui console, celle qui réconforte, celle qui soigne.
Nous avons fait le chemin inverse dans un grand silence, moi parce que j'avais peur de dire un mot de travers, lui parce qu'il savait très bien que mes projets tombaient à l'eau. J'avais tant répété que j'étais heureuse de me mettre sur pause.... sûrement trop...
Il dort maintenant, il a besoin d'être dans le noir et dans le silence complet pour chasser ses migraines. Espérons que cet épisode passe plus vite que le précédent. Je vais jouer les gardes malades moi qui ne rêvait que d'être seule....
Mardi prochain, il part rejoindre son frère et sa soeur à son tour.
8 petits jours seule m'attendent à nouveau. Mais je ne vais pas m'en réjouir. Vu ce que ça m'a couté cette fois-ci, je préfère être prudente.
Je devais en avoir quasi le double, et ce soir ça me reste encore en travers de la gorge. La colère et la tristesse sont toujours là.
J'ai le coeur gros. Gros de déception de voir cette liberté partir en fumée, gros de culpabilité d'avoir toutes ces pensées égoïstes....
Je suis très certainement une mère indigne qui ne pense qu'à elle même mais avant d'être une maman, une épouse, je suis juste moi, simplement moi qui n'avais plus envie de m'occuper de personne pour une fois....
Ça ira mieux demain.
PS : cette photo date de ce week-end, à siroter un cocktail dans un cadre magique... Bring me back....