Tout ce que nous aimons mourra...
Oui c'est de Johnny dont je vais vous parler aujourd'hui.
Je sais que certains frôlent l'overdose d'images, de chansons, d'hommages mais soyons sympa avec les médias : 8 ans qu'ils étaient tous au taquet, nécrologie prête, rétrospective fignolée, extraits vidéos et sonores débusqués des sous-sol des archives... oui 8 ans tout pile, depuis que la France s'était arrêtée de respirer une 1ère fois quand Johnny avait frôlé la mort en décembre 2009.
Johnny, on peut l'aimer et on peut le détester mais il est impossible de ne pas reconnaitre l'immense vedette française qu'il était.
Sans même prononcer son nom de famille, son prénom suffisait à savoir de qui on parlait. C'était un roc(k), c'était une voix reconnaissable entre mille, un son inimitable, un monument de la chanson française. 110 millions de disques vendus, ça n'est pas rien, non???
Alors oui, il était parti vivre ailleurs qu'en France pour ne plus payer d'impôts, oui il a abusé de certaines substances, oui il n'était pas forcément un modèle de droiture, oui il va avoir droit à un hommage national, oui à cause de sa mort on n'a pas parlé des dernière conneries de Trump mais merde quoi toutes ces polémiques m'énervent!!
Peut-on juste parler de l'immense artiste qu'il était et avoir le droit d'être triste??? Ils sont si rares désormais les moments où tous les français s'unissent, où les instants de communion nationale nous rassemblent tous. Profitons-en, chérissons-les, disons-lui aurevoir en étant à la hauteur de tout ce qu'il a pu tous nous donner, à chacun, au moins une fois.
Evidemment, son départ m'attriste. Pas au point de pleurer, bien sûr, mais je suis triste, oui.
Johnny c'était avant tout le chanteur préféré de mon petit papa, celui qu'il suivait depuis ses débuts, son tout 1er concert l'année de ses 20 ans, en 1962, dans son petit patelin sarthois, ses dizaines de vinyles et CD bien rangés et classés à la maison...
Grâce à lui, je reconnais presque toutes les chansons de Johnny juste avec quelques notes, et je peux enchainer les paroles sans même avoir à fouiller au fond de ma mémoire : elles glissent toutes seules, naturellement.
Ils sont nés tous les 2 à un an d'intervalle. Ils sont partis tous les 2 à un an d'intervalle. Ils se sont éteints au même âge, un signe peut-être mais un sérieux clin d'oeil du destin sûrement.
Mon petit papa a retrouvé son idôle là-haut, je suis certaine qu'il a su bien l'accueillir. Poussez la musique à fond, mais pas trop fort quand même et faites une petite place à Jean qui nous a aussi quitté cette semaine et dont on parle si peu...
Soyons très honnête, je n'ai rien lu de lui. Mais je l'ai toujours écouté attentivement. Sa sagesse, son recul sur la vie et la mort, son sourire et ses yeux bleus éclatants m'ont toujours captivée. Il avait une sorte de malice et d'espièglerie qui forçait l'admiration, qui donnait envie de l'aimer. Une sorte de papy joyeux, avec toujours le mot exact, la phrase parfaite, celle qui te fait dire "mais oui c'est tellement vrai mais pourquoi n'y avais-je pas pensé?". Il cherchait à comprendre la vie, à l'expliquer le plus simplement possible, à décortiquer les sentiments, les relations humaines. L'écouter parler était totalement hypnotisant : il savait charmer et il était charmant.
Hier soir, je suis retombée sur une archive vieille de 9 ans, où Jean d'Ormesson expliquait qu'un écrivain devait faire attention à la façon dont il meurt, et qu'il était très mauvais de mourir en même temps que Piaf par exemple. C'est comme si il avait su qu'il partirait à peine quelques heures avant Johnny... Visionnaire et toujours dans le vrai, jusque dans la mort.
Jean d'O, Johnny H, mon Jean à moi... il y en a du beau monde au paradis....
Depuis mardi, je lis et relis ce passage. Toute une philosophie de vie à méditer et à faire sienne...