Faire son deuil
Jeudi dernier nous avons enfin signé les derniers papiers liés au décès de papa.
Point final, tout est maintenant réglé. C'est drôle comme un sujet si douloureux affectivement peut se terminer administrativement aussi facilement qu'avec une signature et des dizaines de paraphes en bas de quelques pages.
Dans le même temps, j'ai du me replonger pour un projet cadeau dans nos 9 dernières années d'archives photos.
J'ai vu défiler devant mes yeux des dizaines de photos de lui, seul ou avec les enfants, moi à son bras le jour de mon mariage, à Noël ouvrant les cadeaux, à la maternité avec les boyswhatelse, à Pâques à la recherche des oeufs dans le jardin....
Je m'attendais à être bouleversée et puis non. J'ai regardé toutes ces photos avec tendresse, les souvenirs d'une belle époque et d'un temps qui n'est plus.
Quand je pense à papa, j'oublie progressivement ces dernières années où il n'était plus lui, ces 4 années qu'il n'a pas passé à la maison. Je ne pense qu'aux bons souvenirs, à ces jours de bonheur où il nous faisait rire, où il jouait avec les enfants.
Je ne pleure plus depuis longtemps. Mes larmes ont séché même si le spleen m'emporte encore un peu parfois. Même le 1er Noël sans lui ne fut pas si triste que ça.
Je ne revis plus en permanence ses derniers instants comme je l'écrivais encore il y a quelques mois. Les détails douloureux de cette matinée disparaissent progressivement pour ne garder en mémoire que l'essentiel.
Je n'ai pas non plus touché un seul des médicaments prescrits par mon médecin quand un matin de décembre, je me suis écroulée dans son cabinet à bout de forces. Lui parler, lui raconter ma peine fut comme un déclencheur. Ce jour-là, j'avais touché le fond et je ne pouvais que remonter à la surface et aller mieux. Et ce fut le cas.
Au début, je culpabilisais de ne plus arriver à pleurer, de ne plus être si triste qu'au tout début. 5 petits mois pour aller mieux, c'était trop peu. Comme si sans mes larmes et cette tristesse omniprésente, je ne pensais plus à lui.
Mais il n'y a pas de timing parfait à respecter, ni de risque de l'oublier car il est là, partout, tout le temps, même plus qu'avant.
Je parle souvent de lui aux kidswhatelse : Mister E écoute d'une oreille, Little B me pose des questions et Sweet A me montre à chaque fois le ciel.
On m'avait promis qu'avec le temps, tout irait mieux. J'avais du mal à le croire mais c'est vrai.
La peine change, la douleur évolue.
Le temps fait son oeuvre. Il passe et la tristesse s'efface.
C'est donc ça que l'on appelle faire son deuil : oublier son chagrin pour laisser la place à une tendresse particulière.
Je crois bien que j'ai réussi et j'en suis fière. Et lui aussi d'ailleurs j'en suis certaine.