Lutte fratricide
Il y a les jolies photos là-bas et les mots doux ici. Il y a parfois des plaintes aussi mais la plupart du temps je veux qu'ici, ce ne soit que positive attitude, sourire et bonheur.
Mais aujourd'hui, j'ai besoin d'écrire pour sortir ma peine, vider mon désarroi, chasser ma stupeur et ma culpabilité.
Depuis le début de l'après-midi, je suis mortifiée. Sonnée. Désemparée.
Comment ces 2 êtres que j'ai porté, mis au monde, chéris, adorés, soignés, bercés, peuvent en arriver là?
Eux à qui je donne tout ou presque et certainement trop.
Eux à qui je consacre presque 100% de mon temps.
Eux que je soutiens, encourage, réconforte.
Je ferme les yeux et je revois cette scène encore et encore.
L'un, coincé contre un mur, les pieds levés pour taper. L'autre, la hargne dans les yeux, les lèvres pincées, les poings serrés pour frapper sans s'arrêter.
Je les vois se battre comme des inconnus. Il n'y a plus de frère, plus de famille. Ils frappent. L'un comme l'autre, l'un un peu plus que l'autre, l'un contre l'autre.
Puis je me vois moi, ma furie, ma colère, mon horreur, mon incapacité à les séparer avec ma seule voix. Et ce bras, ma main qui s'abat sur leurs joues, cette gifle que je m'étais jurée de ne jamais donner...
Et après? Après la honte, au milieu de ce restaurant, devant mes amies présentes, les inconnus autour... la peur d'être jugée, pointée du doigt et le tournis sans fin, l'envie de punir, le besoin de marquer le coup.
Jamais je n'ai ressenti un tel bordel dans ma tête. C'est comme si je n'étais plus moi. Comme si mon esprit et mon corps s'étaient séparés en quelque seconde : le premier observant le second totalement déchaîné.
Totalement perdue, mortifiée par la honte, désespérée par le comportement de mes enfants, tétanisée par ma réaction excessive et non maîtrisée, terrorisée par la vision de mes 2 enfants en train de se battre, j'ai pris mes clics et mes clacs et je me suis enfuie, Mister E et Little B sous le bras.
Oui enfuie, il n'y a pas d'autres mots.
Fâchée et/ou craignant ce que j'allais bien pouvoir dire, je ne leur ai quasiment pas adressé la parole de l'après-midi, juste pour répondre à leurs besoins vitaux.
Je suis désemparée. Je ne sais pas comment réagir. Punir, marquer le coup?
Si ça n'était que la première fois....mais un incident du même type a déjà eu lieu pendant leur séjour chez leurs grands-parents il y a quelques semaines...
On envisage avec Papawhatelse pour le mois à venir toute une série de petites corvées à faire à 2, pour que le lien se recrée, pour qu'ils se resoudent et s'entraident. Est-ce que cela sera suffisant? Je ne sais pas. On verra.
Qu'est-ce que j'ai raté? Qu'est-ce que j'ai mal fait? Pourquoi en sont-ils là aujourd'hui? Que dois-je faire? Pourquoi un tel mal-être entre eux? Des questions sans réponses j'en ai des tonnes en tête et il va me falloir plus d'une nuit pour régler tout ça.
J'aurais souhaité que cette dernière journée de vacances ne me laisse pas ce goût amer en bouche. J'ai cette boule en travers de la gorge qui ne passe pas.
Mais demain c'est la rentrée, il va falloir retrouver un peu de courage, sourire et leur donner envie d'y retourner.
Haut les coeurs. C'est si dur d'être parents.
Merci à Cynthia, Isa, Virginie, Fred et Aurélie pour leur bienveillance. Vos mots m'ont fait un bien fou!!
PS : en attendant, le plus grand a fait quelques lignes d'écritures... ça ne peut pas faire de mal ;-)