Elle et eux
Je n'oublierai jamais ce souvenir d'un soir de février où nous avions réuni les boyswhatelse pour leur annoncer que bientôt ils seraient 3.
Jamais je ne me serais attendue à autant de sourires de leur part, de joie incontrôlée et d'excitation démesurée.
A cet instant précis, j'ai pris la mesure que ce bébé surprise dont on n'imaginait même pas encore l'existence un mois auparavant était pour eux aussi un énorme cadeau de la vie.
Depuis ce jour, ces 3 là ne se lâchent plus.
Mister E. et Little B. avaient déjà un lien très fort entre eux : 20 petits mois d'écart, forcément à leur âge, ça rapproche. Alors souvent pendant ma grossesse, je m'étais demandée comment ce nouveau membre de la famille trouverait sa place entre ses frères.
Mais l'intéraction entre ces 3 là a été totale dès le premier regard. C'était leur soeur.
C'était elle qui avait faim, elle qui pleurait, elle qui voulait un câlin, elle qui avait perdu sa tétine, elle qui leur souriait à la sortie de l'école, elle qui riait du fond de son transat à leurs pitreries, elle qui faisait ses premiers pas avec eux, elle qui les poursuivait à travers la maison, elle qui les faisait arrêter de se chamailler, elle qui les réunissait dans les périodes de rivalités, elle qui voulait leur dire bonne nuit tous les soirs, elle qui se faisait réveiller par l'un ou par l'autre, elle qui d'un simple regard calmait leur colère et apaisait leur chagrin.
Elle et eux. Eux et elle. 3 enfants si différents et pourtant si complices dans une même fratrie.
Dimanche midi, Mister E et Litte B ont pris le train, direction les vacances au bord de la mer chez les grands-parents.
15 jours sans eux. Début de la première grande séparation. Découverte de la première longue séparation.
Eux d'un côté, elle de l'autre.
J'ai bien vu son regard un peu paniqué, un peu perdu quand j'ai rempli leurs valises.
J'ai bien vu qu'elles ne les a pas quitté d'une semelle de toute la matinée.
On lui a bien expliqué qu'ils partaient quelques jours et qu'elle restait avec nous.
Je ne pensais pas qu'elle serait autant affecté par leur départ.
Et pourtant. La séparation fut un déchirement. Elle a crié, elle a pleuré, elle a hurlé le prénom de Mister E (un terme générique pour elle, qui sert également à appeler Little B), elle s'est accrochée aux sacs de voyage comme un petit koala à son arbre.
Je crois que si elle avait pu, elle se serait glissée au milieu de leurs t-shirts, caleçons et chaussettes, l'air de rien, ni vu ni connu, petit passager clandestin.
J'ai mis de longues minutes à calmer son chagrin, une fois ses frères partis. Je ne crois pas avoir déjà entendu de tels sanglots de la part de cette petite fille de presque 20 mois.
Elle les aime ses frères, oh oui elle les aime. Ce sont ses repères le matin quand elle se lève, le soir quand elle se couche, aux repas pour réclamer de manger comme eux, la journée quand ils s'accordent un moment pour jouer ensemble... Et la réciproque est vraie : à chaque "FaceTime" avec les boyswhatelse, j'ai droit à la même question, celle qui arrive toujours en premier : "elle est où Sweet A? Elle a fait quoi aujourd'hui?".
Elle et eux. Eux et elle. Pour toujours, ces 3 là réunis.
Parfois, je les imagine adultes, à se téléphoner, à se raconter leurs vies, leurs peines de coeurs, leurs joies, leurs galères, à boire des verres ensemble, à diner ou sortir et je souris.
Que je l'aime cette si jolie fratrie.